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LE RÉVÉLATEUR DU GLOBE

Depuis l’année 1846, date de l’élévation de Pie IX à la Chaire de saint Pierre, un nombre incroyable de publications et d’œuvres d’art de toutes sortes, relatives à Colomb[1], attestaient dans les diverses parties du monde chrétien une subite et singulière préoccupation de la conscience universelle, lorsqu’en 1856, la première histoire complète du héros chrétien, rédigée par ordre du Souverain Pontife, fut éditée à Paris et précisa d’une manière définitive la question hagiographique, sans toutefois rien préjuger et sous la réserve absolue de l’infaillible décision de l’autorité religieuse.

Je le disais au début : ce livre ft dans notre société peu croyante tout le bruit qu’on pouvait attendre d’une publication aussi fermement catholique. La renommée de cette gloire chrétienne renaissante se répandit par le monde dont le pauvre pilote génois avait divulgué la grandeur. On s’étonna du nimbe surnaturel qui venait illuminer soudainement cette figure douloureuse et grandiose, émergeant d’une obscurité de quatre siècles à la voix du Pasteur des âmes. Les cœurs fidèles qui savent ce que c’est qu’un saint et combien il importe à Dieu d’être glorifié dans ses élus, exulièrent à cette nouvelle et voulurent enfin connaître la vraie vie et la vraie mission de l’Inventeur de l’Amérique dans l’unique récit catholique qui en ait été fait. Néanmoins, l’œuvre du Comte Roselly de Lorgues, âgée de plus d’un quart de siècle, est encore trop peu connue.

Le seul peut-être de tous les écrivains catholiques qui ait quelque crédit dans le camp des Philistins de la Libre Pensée, l’éclatant romancier-critique Jules Bar-

  1. V. Appendice B.