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HISTORIQUE DE LA CAUSE

évidemment bien inutile de chercher à faire comprendre aux hommes de mauvaise volonté l’importance infinie de cette Définition qui suffirait à elle seule à la gloire de l’Église et de tous ses papes, en supposant que la sagesse de tous ses conciles et l’inspiration de tous ses docteurs n’eussent jamais été capables de produire que cet unique suffrage de vérité et d’amour !

Pour ce qui est de l’autre dogme qui à tant agité l’orgueil contemporain et fait remonter tant de bourbe originelle au ras des cœurs, il y aurait une sorte de dérision à écrire que le Serviteur de Dieu l’a simplement pressenti, lui qui ne compta jamais que sur Rome pour être compris et pour être confirmé. Dans la célèbre affaire de la Ligne de Démarcation où la paix de la chrétienté et l’avenir du monde étaient en question et qui fut l’occasion d’un des plus grands miracles de l’histoire, Christophe Colomb ne voulut d’autre arbitre que le Saint-Siège, alors occupé par ce même Pape dont le nom seul a le privilège de faire écumer et piaffer d’indignation le vertueux troupeau des onagres apocalyptiques de la libre pensée et de la libre histoire. Rome, à son tour, par la bouche de ce Pontife, dont la mémoire n’est nullement on horreur à la sainte Église, adopta spontanément les conclusions du Navigateur et lui donna pleine créance en des choses inouïes, invérifiables et d’une conséquence infinie ; renvoyant ainsi à ce Messager du Christ, par une exception sans exemple, l’honneur presque divin d’un arbitrage qui était son privilège absolu et sa réserve sacrée[1].

Il n’y eut certainement jamais aucun saint aux yeux

  1. V. Appendice A.