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HISTORIQUE DE LA CAUSE

croyablement le champ déjà si vaste de tes investigations. C’est par moi que va « se révèler tout à coup un sens « nouveau : le sens des grandes choses et de l’infini[1] ». La connaissance parfaite du globe terrestre sera le moindre fruit de ma découverte. J’aurai donné l’essor aux plus audacieuses entreprises scientifiques dans les siècles extraordinaires qui vont venir. Le livre de la nature, hermétiquement fermé jusqu’à ce jour, est enfin ouvert et ouvert par moi, le Révélateur de la Création, qui serai, néanmoins, dédaigné et méconnu et qui vais disparaître comme un flambeau vulgaire porté contre le souffle de la tempôte. Je prévois que les hommes abuseront de ce nouveau don de Dieu comme ils ont abusé de tous les autres. Mais je sais aussi qu’il faut que sa volonté s’accomplisse pour que son règne arrive à la fin sur cette terre prédestinée que j’ai été chargé d’amplifier et d’arrondir comme une sphère impériale pour la domination future de Jésus-Christ. »

La grandeur de Christophe Colomb est tellement uuique et démesurée qu’elle déconcerte jusqu’à l’enthousiasme et qu’elle fait éclater le cadre ordinaire des anslogies, traditionnellement requis pour la sainteté — même dans ses voies les plus exceptionnelles — par les théologiens et les docteurs ascétiques. Je dirai plus loin, dans un rapide examen de la vie du Serviteur de

  1. Humboldt, Cosmos, t. II, p. 321. — On me pardonnera, je l’espère, en considération du plaisir de citer Humboldt, le petit inconvénient assez grave de mettre dans la bouche du Héros chrétien un mot sans précision philosophique. Il est sans doute inutile de faire remarquer que Colomb aurait souri d’un infini créé, le seul, évidemment, que le savant prussien ait eu en vue et le seul aussi qui soit vraiment conforme au génie philosophique et politique de sa nation.