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IV

Qu’on se représente maintenant cetimmense continent américain, s’étendant de l’un à l’autre pôle pendant près de quatre mille lieues, si démesuré dans tous les sens qu’il aurait fallu plusieurs Romes pour en conquérir seulement le littoral et, qu’après trois cent quatrevingt-dix ans, les plus audacieuses explorations scientifiques n’ont pu le faire connaître tout entier.

Cette interminable chaîne de peuples, étrangers les vos aux autres et de langues diverses, séparés par toutes les différences de mœurs et de climat, divisés par des haines héréditaires et par des religions dont l’atrocité parfaite était la seule unité : tel était au moment de la Découverte, l’apanage exclusif de l’Esprit du mal !

Sans doute, le reste de la terre appartenait à ce monarque, en la manière que je viens de dire ; mais, ici, il était le maître absolu, le législateur, le père et le Dieu. Il n’y avait à redouter ni Rédempteur ni Évangile. Le Sang de Jésus-Christ ne coulerait pas sans doute au travers de l’Océan. Le vrai Dieu semblait avoir abdiqué toute suzeraineté sur ce monde malheureux, l’ayant