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APPENDICES

afin d’y propager le goût des lettres latines, en écrivant son Histoire des choses mémorables d’Espagne, faisait déjà confusion au sujet de la découverte du Nouveau Monde, défigurait le nom merveilleusement symbolique de Christophe Colomb, et ne rougissait pus de l’appeler Pierre Colomb ! Il se rendait ainsi le complice du médecin allemand, Jobst Ruchamer qui, dans le premier livre germanique où l’on ait parlé du Nouveau Monde, ne prononce pas une fois le nom de Colomb et s’obstine à l’appeler Christoffel Dawber, ce qui signifie en français : Christophe Pigeon mâle.

« Ces hommes ne se doutaient pas de l’énormité de leur profanation.

« Après son troisième voyage, Christophe Colomb était tombé si bas dans l’opinion publique qu’on ne dalgnait pas même s’occuper de lui. Pour beaucoup, il n’était déjà plus de ce monde. D’autres, n’attachant Aucune importance à ce qui le touchait, ne prenaient pas la peine de vérifier les dates. Nous voyons que cette dépréciation de su gloire était générale, à l’époque où parurent les trois premières Décades Océaniques de Pierre Martyr, à Alcala de Hénarès, on 1516, dix ans avant la première édition des premiers livres de l’histoire des Indes par Oviedo, publiée à Tolède, et quand le Vénitien Ramusio avait déjà entrepris sa Collection de voyages. La preuve en ressort de leurs écrits. Tous ont à disculper Colomb des accusations que la malveillance continue de répandre contre lui, depuis sa mort. Toutefois, le sentiment des historiens espagnols était impuissant à réformer l’opinion publique. D’abord, parce leurs ouvrages, comportant une assez grande étude, n’étaient pas destinés à devenir populaires, ensuite, parce qu’aucun de ces ouvrages ne fut publié dans un état d’achèvement complet ; enfin, et surtout, parce qu’ils restèrent la plupart manuscrits. Le second fils de Colomb, don Fernando, qui se fit son biographc, ne termina son