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LE RÉVÉLATEUR DU GLOBE

qu’il avait, le premier, vu la Terre Ferme. Il semblait avoir donné à ces contrées inconnues le nom de Nouveau Monde.

« Toutefois, personne jusqu’alors n’avait imposé un nom au continent découvert par Colomb. La Découverte ayant été faite sous les auspices de la Croix et pour le triomphe de la Croix, cette terre nouvelle était généralement indiquée sur les cartes par le signe et le nom de la Croix. Ce continent nouveau s’appela d’abord : Terre de la Sainte Croix ou Nouveau Monde. La célèbre édition de la Géographie de Ptolémée, faite à Rome, dans l’imprimerie d’Evengelista Tosino, par Marc de Bénévent et Jean Cotta de Vérone, en 1608, reproduisait une mappemonde de Ruysch, où le nouveau Continent était désigné par ces mots : Terra sanctæ Crucis, sive Mundus Novus. Mais, pendant ce temps, déjà la Relation d’Amerigo Vespucci, imprimée à Vicence, l’année précédente, était réimprimée à Milan, et, sans le vouloir, la France venait d’enlever pour jsmais à Colomb l’honneur de doter de son nom ce Nouveau Monde dont il était l’inventeur.

« Un géographe lorrain, habitant Saint-Dié, dans les Vosges, avait publié, sous le pseudonyme de Martinus Hylacomilus, un ouvrage de cosmographie, suivi des Quatre Relationsde voyages d’Amerigo Vespucci. Cet écrit, intitulé : Introduction à la Cosmographie, rédigé à Saint-Dié, imprimé d’abord dans cette ville en 1507, et réimprimé à Strasbourg en 1509, était dédié à l’empereur Maximilien[1]. L’auteur, Martin Waldsemüller, n’y nommait pas une seule fois Christophe Colomb, et paraissait ne pas même soupçonner son existence. Il attribuait ouvertement la découverte du Nouveau Continent au génie d’Amerigo Vespucci. Dans son admira-

  1. Le titre complet de l’ouvrage est celui-ci : Cosmographiæ introductio, cum quibusdam geometriæ ac astronomiæ principiis ad eam rem necessariis, insuper quatuor Americi navigationes.