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APPENDICES

fices, où se gardaient deux fragments considérables de la vraie Croix.

« Cette calamité ne servit qu’à mieux démontrer la puissance du bois miraculeux qu’avait planté Colomb. Ce qui a été conservé de ce bois va conserver le lieu qui l’abrite et tous ceux que leur respect ou laur dévotion ont muni de ses parcelles. À travers ces formidables convulsions de la nature, la Croix, image de celui qui a vaincu le monde, triomphe de la violence des airs et des secousses de la terre. Elle garde à son tour ceux qui la gardaient. Le bouleversement, la ruine, la désolation se déchaînant, peuvent frapper les biens, les propriétés des adorateurs de la Croix, mais il semble défendu de toucher à leur vie comme il le fut au démon d’attenter à celle de Job. Le fait de cette merveilleuse exemption est authentiquement certifié par l’unanimité des historiographes.

Durant l’écroulement total des maisons, et l’écrasement de leurs malheureux habitants, aucun de ceux qui avaient sur eux ou chez eux quelques fragments de la vraie Croix ne reçut la moindre atteinte. Les Franciscains, ces fidèles amis de Colomb, possédaient une partie considérable de la vraie Croix. Le moment du désastre les surprit réunis au chœur pour l’office. Précipités sur le sol, presque ensevelis sous les décombres d’une partie de la voûte, à demi étouffés et meurtris, ils se relevèrent pourtant sans blessures[1]. Chose étrange ! Après la cessation du fléau, la seule construction qui fût encore debout, était leur couvent. On en voit même aujourd’hui les restes. La cathédrale bâtie en plerres de tailles s’était entièrement effondrée sous la violence des secousses. Une seule chapelle avait résisté au

  1. « Los que tenian esta santa reliquia ne se descalabraron ni morieron como entre otros fueron los frayles franciscos cuyó monasterio se cayó. » — Herrera, Decada I, lib. X, cap. xii.