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LE RÉVÉLATEUR DU GLOBE

ces miracles dissémina promptement dane l’ancien et dans le nouveau monde le renom de la vraie Croix.

« Notre histoire de Christophe Colomb contient à ce sujet des détails si précis, rapporte des témoignages si accrédités, que nous nous bornerons à certifier ici qu’aucun fait de l’époque présente n’est mieux prouvé ni plus solidement établi que l’existence et l’efficacité de cette Croix miraculeuse.

« Elle a été l’objet d’une dévotion ardente. On venait en foule l’implorer, comme on va aujourd’hui aux sanctuaires de Lourdes et de la Salette. Il a fallu que ses miracles fussent bien avérés et bien nombreux pour que la voix du peuple lui ait donné le nom de la vraie Croix. À cause de la multitude de guérisons qu’elle opérait, cette Croix faillit disparaître par l’excès de la vénération qu’elle inspirait aux fidèles. Chacun voulait en posséder une parcelle. On en dérobait des fragments, qui étaient mis dans des reliquaires. On en enlevait des morceaux assez considérables ; et, circonstance attestée par les historiens, ces pieux larcins ne diminuaient point son volume, car le vide se remplissait aussitôt.

« Les Indigènes idolâtres, étonnés du prodige, croyant que la présence seule de cette Croix falsait la force des étrangers et assurait leur domination, essayèrent de la détruire. Pendant la nuit, ayant d’abord creusé très bas autour du pied de la Croix, ils s’efforcèrent de la renverser. Plusieurs centainns de bras le tiraient avec des cordes de liane. Malgré leur nombre, ils ne lui purent imprimer le moindre mouvement. Alors, usant d’un autre moyen, ils tentèrent d’y mettre le feu. Ils amoncelèrent tout autour d’énormes quantités de broussailles sèches. Les flammes s’élevèrent très haut, enveloppèrent la Croix ; mais quand la fumée fut dissipée et le feu consumé, les Indiens virent la Croix exempte d’atteinte. Seulement, vers le pied, se