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APPENDICES

trait indicible. Espagnols et indigènes savaient que c’était son lieu de prédilection. Il y trouvait aussi de grandes consolations spirituelles. Il avait épanché là son cœur devant l’auguste Trinité. De grandes vérités s’étaient révéléesà son âme et il avait résolu, en mémoire de ces faveurs incommunicables, d’élever sur cette place une splendide chapelle, où chaque jour se dirait une messe en l’honneur de la Très Sainte Trinité, et une messe en l’honneur de l’Immaculée-Conception. Le laconisme de ses expressions testamentaires[1] montre combien ce lieu était connu de tous. Il l’affectionnait à ce point qu’après sa découverte du nouveau continent, il y était revenu pour y rafraîchir son âme, se délasser de ses fatigues, de ses tribulations. Il s’y trouvait encore lorsque le Père-franciscain Juan de Trasiera vint lui apprendre sa disgräce, bientôt suivie de l’emprisonnement.

« On avait eu beau arracher de l’île le Révélateur du Globe, le destituer, le calomnier et l’oublier, lorsque le Tout-Puissant eut rappelé à lui son serviteur, cette Croix, qu’il avait avec tant d’amour dédiée à l’Immaculée-Conception, couvrit de ses bénédictions ceux qui continuèrent de le vénérer.

« Un jour, un malade implorant la bonté divine, en embrassant le pied de cette Croix, fut guéri. D’autres fiévreux vinrent également y prier et s’en retournèrent guéris. On accourut des divers points de l’île. Tous ceux qui recouraient à la Croix n’étaient pas déchargés de leurs maux ; sa vertu n’agissait pas indistinctement sur chacun. Ceux-là seuls que le Seigneur en jugeait dignes éprouvaient les effets de ce bois miraculeux. Mais les guérisons étaient si fréquentes et l’affluence si considérable, que la célébrité de

  1. Testamento y codicilo del Almirante D. Cristobal Colon. — Colecc. diplom., no clviii.