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APPENDICES

coupable, et une dispensation équitable de la peine et de la récompense, ont cru y reconnaître l’action immédiate de la Providence divine qui vengeait les injures d’un homme de bien persécuté et punissait les oppresseurs d’un peuple innocent[1]. »

« Les indigènes considérèrent aussi cet événement comme un acte de la justice de Dieu et ils s’en réjouirent, disant entre eux : « Au moins ceux-ci (les morts) ne nous feront plus descendre dans les mines d’or et vivre dans les transes comme nous faisions[2]. »

« Le pasteur allemand, Campe, dit de son côté : « Ce qu’il y eut de plus remarquable dans cet événement c’est que le seul vaisseau de la flotte qui ne reçut aucun dommage et qui put continuer sa route pour l’Espagne, fut préclsément celui à bord duquel on avait mis les débris de la fortune de Colomb, et que l’on n’avait choisi pour ce service que parce qu’il était le plus mauvais de tous[3]. »

« L’historien de Saint-Domingue, le P. Charlevoix, écrit : « Mais ce qui fit surtout juger que ce grand malheur était un effet de la justice divine, c’est que les navires que la tourmente épargna étaient les plus faibles, les plus mal équipés de la flotte, et que le plus mauvais de tous sur lequel on avait chargé tout le bien de l’Amiral, fut le premier qui arriva en Espagne. On remarqua aussi que la seule personne de distinction qui se sauva fut un nommé Rodrigue de Bastidas : c’était un fort honnête homme, riche et habile navigateur[4]. »

« En voyant tous les ennemis de Colomb atteints à la fois,

  1. Rosertson, Histoire de l’Amérique, t I, liv. II, p. 211.
  2. Girolamo Benzoni : « Ne fecero molta allegrezza con dire traloro, questi non ci faranno piu stentare alle mine dell’ oro, ne vivere in tanto stratio quanto facevano. » — La Historia de Mondo nuovo, p. 25.
  3. Campe, Découverte de l’Amérique, t. I, p. 204.
  4. Charlevoix, Histoire de Saint-Domingue, t. I, liv. III, p. 214.