Page:Bloy - Le Révélateur du globe, 1884.djvu/361

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
333
APPENDICES

« En vain tenterait-on d’expliquer naturellement cet événement formidable ! Qu’on n’essaye pas de l’attribuer à l’habileté consommés, à l’expérience lumineuse de l’Amiral. Un tel genre de prédiction est au-dessus des faits de l’observation et de la pratique. Interrogez les hommes spéciaux, les officiers de mer : mieux que tous autres, ils vous apprendront l’impossibilité d’une telle prophétie, d’après les données de la science nautique. Le savant Arago ne croyait point à la possibilité de présager une tempête, et encore moins de la deviner avant l’arrivée des signes précurseurs de l’ouragan. Voici ce que dit, au sujet de la prédiction de Colomb, un officier supérieur de la marine, ancien directeur d’école navale, auteur du Manœuvrier complet et du Dictionnaire de marine à voiles et à vapeur, le baron de Bonnefoux :

« Nous nous croyons fondé à n’admettre l’infaillibilité absolue d’aucun homme, d’aucun instrument météorologique, d’aucune donnée préalable, d’aucun signe précurseur, en ce qui concerne toute prédiction ou toute annonce sur le temps qu’il fera, non-seulement deux jours, mais même deux heures à l’avance. Que Colomb, par exemple, en cette occasion, ait remarqué que les nuages des régions supérieures avaient une marche assez prononcée à l’encontre de celle des nuages plus voisins de la terre ; qu’il ait observé que les vents alisés faiblissaient ; que, par intervalles, les brises de l’ouest prenaient de l’ascendant ou toute autre indication pratique, et qu’il ait jugé prudent de prendre ses précautions et de se mettre à l’abri, nous le concevons facilement, d’autant qu’en marin consommé, Colomb avait l’habitude, qui est celle de tous les chefs prudents, d’avoir toujours la pensée, préoccupée de sa route, de son navire, de l’état du ciel et des probabilités du moment ! Mais quant à déclarer publiquement qu’une tempête devait éclater dans deux jours, nous croyons que c’est au-dessus des facultés