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APPENDICES

rameau d’olivier. Et cet olivier, unique dans cette région, existait encore au commoncement de ce siècle. I] était du double plus grand que ceux d’Europe, mais ne donnait point de fruit.

« Tandis que l’Espagne semblait ignorer cette victoire qui surpasse toute épopée, aux Antilles, une tradition constante et invariable dans su transmission perpétua le souvenir du miracle. Là où déjà s’oublie le nom de l’Adelantado, les habitants se rappellent le prodigieux événement. La renommée du miracle des flèches s’est maintenue vivace dans l’île d’Haïti. Écoutons un témoignage que personne ne suspectera ; c’est celui d’un commissaire de la République française, obligé, en germinal an VI, de traverser cet ancien champ de bataille. « C’est dans ce lieu, dit-il, et à l’ombre d’un sapotillier qui existe encore, que Christophe Colomb, après une bataille décisive contre les naturels, se retira pour rendre grâees à Dieu. Il y fit célébrer une messe, et planter une Croix[1]. » Avant lui, un savant créole, membre du gouvernement colonial, député de la Martinique, Moreau de Saint-Méry, avait aussi parlé du miracle des flèches[2], dans sa description de la partie espagnole de Saint-Domingue.

« Les habitants, restés étrangers aux influences de Cour, informés par la volx publique de ce fait miraculeux, reconnaissaient son importance, et le classaient parmi les faveurs dont la Providence avait comblé la nation espagnole. La réimpression de l’Histoire générale des faits des Castillans dans les Indes, par Antonio de Herrera, faite à Madrid, en 1730, chez Nicolas Rodriguez Franco, et dédiée

  1. Dorvo-Soulastre, ex-commissaire du gouvernement de Saint-Domingue, Voyage par terre de Santo-Domingo, capitale de la partie espagnole de Saint-Domingue pp. 69, 70.
  2. Moreau de Saint-Méry, description de la partie espagnole de Saint-Domingue, t. I, p. 132.