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LE RÉVÉLATEUR DU GLOBE

n’oublièrent point l’intervention soudaine de la puissance qui préserva les chrétiens d’un véritable massacre.

« Quoique les historiens ajent évité de parler de cette affaire, sans doute parce qu’ils auraient été obligés d’y mêler Colomb, nous ne pouvons oublier son rôle dans cette miraculeuse journée. La prière du Serviteur de Dieu sur la montagne, pendant le combat des chrétiens contre les Indiens, nous rappelle involontairement celle de Moïse durant le combat d’Israël contre les Amalécites.

« Moïse élait parti avec les troupes, mais sans en prendre le commandement. Il l’avait confié à son lieutenant Josué[1]. Au lieu de suivre celui-ci sur le champ de la lutte, il se tenait au sommet de la colline[2]. Là, devant le Seigneur, il était debout, les mains’élevées ; et, par la seulc puissance du signe ainsi figuré, obtenait miraculeusement la victoire. Dans sa reconnaissance, Moïse dressa en ce lieu un autel, qu’il appela de ce nom : « Le Seigneur est ma gloire[3]. »

« Christophe Colomb, parti aussi avec ses troupes, n’en prit pas le commandement, et le remit à son lieutenant l’Adelantado. Il ne marcha pas non plus sur le terrain du combat, mais se tint au sommet de la colline, priant le Seigneur pour son peuple ; il obtint la victoire. Dans sa gratitude, Colomb ft dresser là un autel, célébrer une messe d’actions de grâce et, pour mémoire de cette journée éleva une Croix.

« Ensuite près de là, du côté opposé à la Croix, en signe de la palx conclue, il fit planter l’arbre qui en est le symbole. La Colombe portant le Christ avait apporté son

  1. « Dixitque Moyses ad Josue : Elige viros, et egressus, pugna contra Amalec. » — Exodi, cap. xvii, v 9.
  2. « Moyses autem Aaron et Hur ascenderunt super verticem collis. » — Exodi, cap. xvii, v 10.
  3. « Ædificavitque Moyses altare, Et vocavit nomen ejus, Dominus exaltatio mea » — Exodi, cap. xvii, v 15.