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LE RÉVÉLATEUR DU GLOBE

« Remarquant aussi le dédaigneux silence de la Commission au sujet de la Ligne de Démarcation pontificale, Humboldt dit plus loin : « Les lignes de Démarcations papales méritaient d’être mentionnées exactement, parce qu’elles ont eu une grande influence sur les efforts tentés pour perfectionner l’astronomie nautique et les méthodes de longitude[1]. »

« Les ennemis de l’Église, les détracteurs de la Papauté, tout en lui contestant le droit de cette étonnante Donation, sont obligés de confesser la sagesse de son opération et la grandeur de la rémunération accordée au zèle catholique de l’Espagne. Montesquieu lui-même, appréciant au fond, la décision pontificale, parle de « la célèbre Ligne de Démarcation », et suivant son expression de magistral, trouve qu’ainsi le pape Alexandre VI « jugea un grand procès[2]. » Après avoir d’abord essayé de taxer d’imprudence la Délimitation décrétée par le Souverain Pontife, Washingion Irving est forcé de rendre enfin hommage « à la ligne de Démarcation d’un pôle à l’autre, si sagement tracée par Sa Sainteté[3] ».

« De quelque croyance qu’on soit, à quelque point de vuc qu’on se place, un fait reste acquis pour tous dans le débat : le Saint-Siège montra plus de confiance en Colomb que la cour de Castille. Le Révélateur du Globe fut mieux jugé par l’Église que par le gouvernement auquel il se dévouait. Et, parce qu’elle osa mettre en doute l’infaillibilité apostolique, parce qu’elle préféra la prudence de l’homme, sa prétendue science à l’autorité souveraine qu’elle avait d’abord invoquée, l’Espagne réduisit elle-même l’immensité

  1. Humboldt, Id., t. II, pp. 571, 572.
  2. Montesquieu, de l’Esprit des lois, t. II, liv. XXI, ch. xviii p. 78.
  3. Washington Irving. Hist. de Christ. Colomb. liv. V. chap. ix p. 370, — Édit de 1828.