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APPENDICES

Père et déploré cette faiblesse de la Commission qui, sous prétexte de perfectionnement géographique, consentit à ce déplacement de ligne. La plus récente histoire d’Espagne[1] publiée en France reconnaît aussi que pour ne pas s’en être uniquement rapportée au Saint Père, la Castille perdit la magnifique possession du Brésil.

« Les Commissaires pleinement satisfaits de leur science, passant sous un silence dédaigneux la Démarcation papale, avaient tiré leurs mesures avec une étroitesse de vues et une sécheresse de mathématicien. Néanmoins, leurs prétentieux calculs ne reposaient sur aucune donnée cosmographique ; tandis, au contraire, que la ligne tracée par le Souverain Pontife précisait un emplacement des plus importants sur la surface du Globe, le plus digne de nos études et de nos investigations. Involontairement frappé de cette merveilleuse précision du Saint-Siège, le grand Humboldt a signalé commé un contraste, l’insigniflance des mesures fixées par la Commission savante qui prétendait faire un partage plus ingénieux ou plus exact que celui d’Alexandre VI. L’ilustre protestant dit en parlant des moyens cherchés alors pour déterminer sur terre et sur mer une ligne de Démarcation imaginaire : « L’état de la science et l’imperfection de tous les instruments qui servaient sur mer à mesurer le temps ou l’espace ne permettaient pas encore, en 1493, la solution pratique d’un problème aussi compliqué. Dans cet état de choses, le pape Alexandre VI, en s’arrogeant le droit de partager un hémisphère entre deux puissants empires, rendit, sans le savoir, des services signalés à l’astronomie nautique et à la théorie physique du magnétisme terrestre[2]. »

  1. Rosseeuw-Saint-Hilaire, Histoire d’Espagne, t. VI, p. 116.
  2. Humboldt, Cosmos, Essai d’une descrip. phys. du Monde t. II p. 340.