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APPENDICES

firent que, d’un commun accord, après avoir usé toutes les finesses diplomatiques, on décida par un traité signé le 7 juin 1494, dans la ville de Tordésillas, de s’en tenir à la délimitation que fixerait une Commission savante, composée en nombre égal de Castillans et de Portugais, laquelle était chargée de corriger les prétendues erreurs de la Bulle. Cependant, comme si, maintenant, elle eût pressenti le danger de toucher à la décision pontificale, Isabelle ne se détermina que tardivement, le 5 juin, deux jours seulement avant la signature du traité, à nommer ses fondés de pouvoir ; tandis que, dès le 8 mars, le roi de Portugal avait désigné les siens. La reine nomma pour la Castille : l’Intendant général de la couronne, Henrique Henriquez ; le commandeur de Léon, don Guttierre de Cardenas, et le docteur Maldonado de Talavera, l’ancien vice-président de la savante Junte à Salamanque. Le roi Joam II avait nommé pour le Portugal : don Ruy de Souza, seigneur de Sâgres et de Berenguel, son fils, don Joam de Souza et le licencié Arias de Almanada[1].

« Quel fut le résultat de la condescendance de la Castille envers l’ambition ombrageuse du Portugal et qu’advint-il du changement apporté à la décision du Saint-Siège ?

« Ceci mérite d’être constaté.

« Quand il sanctionnait, au palais de Saint Pierre, le calcul opéré par Christophe Colomb dans sa cellule de la Rabida ; quand il faisait la répartition de l’inconnu et du futur attingent, en fixant pour ligne de Démarsation le tracé qu’avait indiqué le Révélateur du Nouveau Monde, le Souverain Pontife, sans le dire, donnait magnifiquement à l’Espagne la moitié de ce Globe, le nouveau continent dans l’intégrité de son étendue !

  1. Capitulacion de la particion del mar Océano, entre los catolicos Reyes D. Fernando y doña Ysabel, y D. Juan Rey de Portugal. — Coleccion diplomatica, docum. LXXV.