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APPENDICES

Bulles accordées à l’Espagne. Mais, aux observations motivées par les cosmographes portugais, aux instances et aux sollicitations du roi Joam II, le Pape répondit purement et simplement qu’il avait d’avance prévenu toute contestation, en tirant une ligne de démarcation d’un pôle à l’autre, et que sa donation était irrévocable. La cour d’Espagne ayant de son côté dénoncé au Saint-Siége la réclamation du Portugal, le Pape lut fit identiquement la même réponse.

« Le Portugal, néanmoins, ne se tint pas pour battu : il revint à importuner le Saint-Siége, faisant valoir sa primauté dans les découvertes maritimes, ses intentions pieuses ot diverses considérations tirées des sciences géographiques. Tout fut inutile : le Pape resta inébranlable. Le Saint-Siége reposait avec une telle sécurité dans la délimitation fixée d’après les données de Christophe Colomb, qu’il renvoya les ambassadeurs ordinaires et les envoyés extraordinaires des deux couronnes aux Bulles des 3 et 4 mai 1493.

« Une circonstance de ce débat négligée jusqu’à présent par les historiens et qui, pourtant, fait ressortir tout naturellement le caractère providentiel de la Ligne de Démarcation papale, doit trouver ici sa place.

« Il paraît que la reine de Castille elle-même, entrevoyant déjà la possibilité du mariage de l’infante, sa fille aînée, avec l’héritier présomptif de Joam II, pour éviter toute cause de division avec son puissant voisin à qui l’attachaient d’autres liens de parenté, n’était nullement éloignée de consentir à ce que le Safnt Père revisât su Bulle de Répartition et la modifiât dans un sens plus avantageux au Portugal. Isabelle trouvait tout simple que, sur sa propre demande, le Saint-Siège restreignit un privilége uniquement accordé en sa faveur. Elle y comptait si bien qu’en écrivant à Christophe Colomb, le 5 septembre 1493, elle parlait d’un amendement à la Bulle comme d’une chose déjà obtenue.