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APPENDICES

vertes au couchant et de celles qu’ils espéraient découvrir encore.

« Quelles que pussent être les dispositions personnelles d’Alexandre VI pour la cour d’Espagne, la demande ne pouvait être accordée immédiatement ; cette affaire exigeait la plus grande prudence. Déjà le Portugal avait obtenu un privilège pour ses découvertes à l’Orient. Il fallait éviter qu’une faveur actuellement consentie à l’Espagne n’occasionnât des conflits, sous les règnes ou dans les siècles suivants ; et que l’œuvre de l’Apostolat n’amenât de sanglantes rivalités entre deux nations chrétiennes. Il était besoin d’assigner une limite entre les deux couronnes catholiques.

« Là naissait la difficulté.

« Où finissait l’Orient ? Où commençait l’Occident sur l’espace illimité des mers ? Tel était le problème à résoudre.

« Jamais plus épineuse difficulté géographique et politique n’avait été soumise à la Papauté. D’après les traditions de prudence du Saint-Siège et les temporisations ordinaires de la chancellerie romaine, on aurait dû d’abord saisir d’une telle question des Commissions de cosmographes, en Portugal, en Castille et en Italie, afin de délibérer sur leur rapport et asseoir une opinion sûre. C’était un délai de deux ans.

« Mais, évidemment, en formulant leur demande, les Rois avaient joint au dossier la copie des notes qu’avait rédigées Colomb dans sa cellule de la Rabida. Et tel était l’intérêt qu’inspirait à Rome cette entreprise chrétienne, telle était la confiance du Saint-Siège dans la sainteté du but et la pureté des sentiments de Christophe Colomb, que, sans hésitation et sans délai, comme soudainement éclairée sur l’œuvre et sur l’homme de la Découverte, la Papauté accepte en la proclamant, la vérité de son système cosmographique ; reconnait explicitement la forme sphéroïde de la Terre, sa rotation sur son axe, ayant pour extrémité les deux pôles et