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OBSTACLES À L’INTRODUCTION DE LA CAUSE

tophe Colomb. Du fond de sa détresse, la noble France trouve encorele moyen de donner au Révélateur du Globe le splendide suffrage de sept Cardinaux, dix-sept Archevêques et soixante-deux Evêques. Quant à ceux qui manquent encore, que leur propre conscience les juge et que la glorieuse Église leur pardonne !

Néanmoins, il convient de le dire humblement ici. Aucun peuple n’est coupable autant que la France du déni de la gloire de Christophe Colomb. L’Espagne elle-même, si criminelle pourtant, ne l’a pas aussi profondément lésée. C’est, en effet, de la France qu’est partie la prodigieuse méprise historique qui a valu à un homme médiocre l’honneur inouï d’imposer son nom à la moitié de la terre[1]. Christophe Colomb ayant été si cruellement opprimé et frustré par l’Espagne, jusqu’à la quatrième génération, l’Espagne, cependant, lui laissait son douloureux Nom symbolique de Messager et d’Apôtre, se contentant de l’immerger des plus épaisses ténèbres qui puissent transsuder des millions de cœurs d’un peuple ingrat, pendant quatre cents ans. La France a eu le triste privilège de porter la main sur cette chose réservée, sur cette unique chose qu’il semble impossible de ravir au plus malheureux des hommes et, ainsi, elle était parvenue à surpasser l’étonnante ingratitude de l’Espagne, puisqu’elle avait réussi à abolir jusqu’à la trace historique de Christophe Colomb. Je le disais en commençant ce livre, c’est une espèce de miracle que cette Cité perdue de l’amour et de l’héroïsme chrétiens se soit retrouvée enfin sous les dunes de l’oubli du monde, après trois siècles d’engloutissement !

  1. V. Append. F.