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XI

Donc, le Pape, seul, est désormais l’espérance de cette Cause extraordinaire. La Justice, la Piété, la Grandeur de l’Église, la Gloire de Dieu, le pressent, l’implorent et n’espèrent qu’en lui. Il faut avoir le cœur de le dire : Depuis longtemps déjà, la question n’est autre que celle-ci : Qui sera définitivement vainqueur, de Satan ou du Vicaire de Jésus-Christ ? — Qui est comme Dieu ? — Qui est comme Lucifer ? — Le formidable dialogue angélique, perpétuel dans les cœurs humains, recommence ici son grand éclat, et c’est avec une angoisse immense que les chrétiens en vont être les auditeurs.

En 1870, la chrétienté fut à la veille de contempler, en plein concile œcuménique, une scène d’une majesté et d’une splendeur étonnantes, qui eût rappelé, par la simplicité et le grandiose, quelques-uns des plus pathétiques événements de l’histoire des premiers siècles. Sa Gr. l’Archevêque d’Avignon, Mgr Dubreil, admirateur chaleureux de Christophe Colomb, avait décidé de porter la parole au sein de l’Assemblée et, dans un de ces discours enthousiastes où l’orateur, s’inspirant de son propre trouble, submerge de son âme tout son auditoire,