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OBSTACLES À L’INTRODUCTION DE LA CAUSE

ses actes, ni ses sentiments, ni ses vertus, ni ses miracles ; vous qui ne savez pas discerner l’opportunité des temps, les coïncidences providentielles et les intérêts généraux du catholicisme ; vous qui n’avez pu comprendre la grandeur de cette Cause, son caractère auguste, l’éclat qu’elle ajouterait au Pontificat de Pie IX, comment osez-vous répondre : « Il est trop tard ! » Défiez-vous de ce mot cruel, craignez que le monde ne vous l’applique à son tour. Et quand, sous la pression du sentiment universel, cette Cause aura été, malgré vous, enfin introduite par cette voie exceptionnelle qui lui appartient ; gardez que les hommes ne sachant plus aucun gré d’une justice si lente à venir, maintiennent leur accusation d’ingratitude, et ne répondent à votre exemple : « Il est trop tard. »

« Les bureaucrates et leurs patrons qui, d’une conscience tranquille, travaillent dans l’ombre à faire écarter cette Cause, ne conçoivent pas plus sa grandeur que son opportunité. Ils ne voient point que, bien loin d’arriver « trop tard », elle eût été mal venue à se montrer plus tôt, qu’elle se présente au moment choisi, le seul où elle pouvait et devait apparaître. La Cause du grand chrétien, dont la foi nous a valu un monde, est évoquée par l’opinion universelle des catholiques, à l’heure pleine d’effroi et d’anxiétés où un esprit d’erreur passe comme un souffle de mort sur l’Europe, faisant les ténèbres, égarant les peuples avec leurs pasteurs, s’efforçant d’obscurcir les notions du juste et du vrai dans les âmes, d’arracher de nos cœurs les plus chères croyances, d’opposer à la maternelle autorité de l’Église la raison et la déraison individuelles ; à la fixité de la doctrine les vacillations des systèmes aboutissant au désespé-