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IX

J’avais décidé de ne plus parler du chanoine Sanguineti. Une bonne histoire que j’allais oublier m’y ramène. Les vrais artistes m’en sauront gré et elle fera mieux comprendre, en le dramatisant, le véritable esprit de l’opposition génoise.

Vers le commencement du Carème de 1879, un orateur chrétien de grande réputation en Italie, Mgr Miglior, vint à Gênes pour la prédication quadragésimale. Son éclatante célébrité, comme sermonnaire et comme écrivain, lui assurait d’avance l’accueil le plus favorable et le plus cordial. S. Exc. l’Archevêque de Gênes, épris de son mérite et de sa personne, ne vouiut pas qu’il eût d’autre gîte que son propre palais ni d’autre table que sa propre table. Mgr Miglior, touché de cette paternelle sollicitude, pouvait cruire que rien ne serait capable d’en suspendre l’effusion et laissait aller son âme à ce courant de délicieuse sympathie dont les prédicateurs de l’Évangile ont quelquefois un si grand besoin pour se réconforter dans les labeurs ingrats de leur vocation. Sa piété illuminée et profonde vint alors lui suggérer un moyen de manifester sa gratitude et de reconnaître