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LE RÉVÉLATEUR DU GLOBE

dains et M. le comte de Pontmartin, contempteur de tout héroïsme, est l’Apollon du Belvédère du bon sens chrélien. Qu’on se donne la peine de compter ce troupeau de sages. On verra si leur prophète est un insignifiant adversaire et si c’était trop de l’honorer d’un paragraphe entier dans cette étude des obstacles suscités à l’introduction de la cause de Christophe Colomb[1].


  1. Dans le cas très probable où je serais accusé d’une rigueur par trop excessive à l’égard de M. de Pontmartin, je déclare formellement n’avoir jamais eu aucun sujet de ressentiment personnel contre ce céièbre personnage. Je suis un nouveau venu dans les lettres, il ignore sans doute jusqu’à mon nom et nous sommes absolument étrangers l’un à l’autre. Si mon livre a quelque mérite, je m’attends à tout son mépris, et, bien loin que je doive en éprouver du ressentiment, je ne me cache pas de désirer anxieusement ce témoignage. Mais, enfin, jusqu’à ce jour, aucune occasion ne m’a été offerte d’exister pour lui. Qu’on l’entende bien, je parle ici en chrétien et en chrétien indigné. Je n’ai voulu montrer l’homme dans sa laideur et dans sa bassesse que pour faire mieux sentir l’énormité de son insolence. Comment, en effet, pourrait-on voir sans cette colère de l’amour dont parle de Maistre, un écrivain soi-disant catholique se dresser contre le sentiment du Père des fidèles et traiter de grotesque un livre que le Pape Pie IX a publiquement illustré de ses éloges, déclarant « qu’il ne tourne pas moins à l’honneur de la religion qu’à la gloire de l’Italie », et qu’il a qualifié de « très riche histoire » ; ouvrage, d’ailleurs, traduit dans les principales langues du catholicisme, placé dans toutes les grandes bibliothèques d’Europe, honoré des souscriptions de plusieurs gouvernements et qui a valu à l’historien de Christophe Colomb deux croix de chevalier, deux croix d’officier et quatre croix de commandeur !

    Oui ou non, faut-il nous persuader que M. le comte de Pontmartin qui s’est donné la peine de naître médiocre écrivain, a le droit de juger le jugement d’un pape et d’opposer impudemment sa flagrante sottise à l’élite de la société humaine ?