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OBSTACLES À L’INTRODUCTION DE LA CAUSE

dresse pour le railler ou le morigéner et ce critique, c’est M. de Pontmartin.

J’imagine qu’on me saura quelque gré de reproduire ici une page brillante de ce formidable Crétineau-Joly, l’audacieux et impavide tenant de l’Église et de la royauté. L’historien de la Vendée militaire et le panégyriste de la Compagnie de Jésus, eut à se plaindre, comme tant d’autres, de M. de Pontmartin et voici le portrait terrible qu’il en fit dans le livre intitulé : Bonaparte, le Concordat de 1801 et le Cardinal Consalvi[1].

Je cite sans commentaires :

« M. Armand, comte de Pontmartin, est un gentilhomme qui daigne écrire, comme ce bon M. Jourdain, de Molière, daignait vendre du drap à ses amis et connaissances. Il est né, celui-là, ou du moins, il s’en targue. Je ne sais pas s’il remonte aux Croisades, mais à coup sûr, son zèle et sa foi ne l’y auraient jamais poussé.

« Si vous découvrez sur l’asphalte du boulevard un long roseau qui marche, emmaillotté dans des vêtements d’homme, si vous entendez son aigrelet soprano piailler entre des ossements collés l’un après l’autre, ne détournez pas la tête. Autrement, vous verriez toutes les femmes sourire de pitié ou rougir avec de petits cris de pudeur effarouchée comme si, de loin, elles apercevaient le grand eunuque noir. Ce gentilhomme fait dans la littérature industrielle et le roman provençal, le roman qui sent beaucoup l’ail et peu l’huile. Il commerce de tout et ne gagne sur rien ; puis chaque soir, il va déposer sa copie au mur des journaux à images. Il passe du blanc au bleu, du bleu au rouge,

  1. Paris, Plon, 1889, p. 116 et suiv.