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OBSTACLES À L’INTRODUCTION DE LA CAUSE

porta la Croix sur ce vaste territoire où l’impitoyable Ennemi des enfants de Dieu régnait auparavant sans partage.

À l’exception du groupe des catholiques enthousiastes, éclairci de jour en jour par la conlagion de l’indifférence, on ne remarque pas chez nous une bien vive sollicitude pour la gloire du Messager de l’Évangile. Nous avons le bonheur de posséder un journalisme pullulant et ubiquilaire qui nous renseigne avec la dernière exactitude sur la bagatelle passionnante de la politique ou de la cour d’assises et qui nous laisse complètement ignorer les événements les plus considérables. Les livres du Comte Roselly de Lorgues qui ont je suppose, une plus vaste portée que le moins sot discours parlementaire, ont été soigneusement étouffés par loutes les mains criminelles ou lâches de la publicité. J’ai signalé précédemment une seule exception et je ne vois pas, en vérité, le moyen d’en signaler une seconde. Il y a une manière de tuer un livre encore plus habile peut-être que le silence absolu. C’est de le mentionner en passant, au milieu d’une marée d’autres livres. Le lecteur, généralement superficiel, et d’ailleurs, accablé, ne le distingue pas des autres flots littéraires et, par la suite, se dispense, d’autant plus volontiers de le lire qu’il le connaît déjà par le titre dont il enrichit sa mémoire, au milieu d’une foule de titres, et qu’il peut ainsi se croire édifié sur les productions variées de l’esprit humain. L’inventeur ou, du moins, le virtuose le plus encouragé de cette sorte d’habileté, paraît être l’important journaliste que voici :

M. Armand, comte de Pontmartin, aréopagile vanté du bon goût et des bonnes mœurs littéraires, après avoir,