Page:Bloy - Le Révélateur du globe, 1884.djvu/269

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

VII

J’ai parlé plus haut d’un grand esprit qui n’avait pu s’empêcher de tomber dans l’extrême misère de la médiocrité humaine pour avoir, une seule fois, rencontré la colossale figure de Christophe Colomb. C’est Lamartine, âme poétique, s’il en fût, mais, combien fragile. malgré sa grandeur ! Il fallait le dix-neuvième siècle pour faire naître ce poète exceptionnel, semblable à un lys démesuré sorti de l’infâme fumier du dix-buitième. La France, abrutie de philosophisme et soûle de sang, s’agitait en dormant dans les ténèbres palpables du moyen dge révolutionnaire. Lorsque ce chanteur à la voix d’éther commença, il se ft un silence sans pareil. Toutes les voix se turent et les fauves eurent l’air de rentrer dans leurs antres. On crut à la résurrection du spiritualisme chrétien. C’en était le dernier soupir, hélas ! le dernier soupir d’un spiritualisme qui avait mal vécu depuis longtemps, qui s’était étrangement obscurci et dont la mort était pleine de crainte et d’amertume. C’était le spiritualisme du docteur Jean-Jac-

16