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LE RÉVÉLATEUR DU GLOBE

nelle et toute son âme vibrait à ces clartés surnaturelles, comme un être ailé qui s’élève en frémissant dans un rayon de lumière et d’or. Il savait la seule chose que les hommes puissent bien savoir, c’est-à-dire ce que Dieu leur dit de sa bouche au fond du cœur. Antérieurement à toute recherche d’érudition, il avait la préconception assurée de ce qu’il allait découvrir. S’il ne l’avait pas eue, il n’aurait pu rien découvrir et n’aurait pas même cherché. C’est l’identité d’inspiration avec son héros, c’est un autre écho de la même pensée divine retentissant à quatre siècles de distance dans un autre cœur.

En vertu d’une de ces lois d’affinité mystérieuse par lesquelles nous sommes forcés de tout expliquer, Christophe Colomb appelait cet historien et non pas un autre et il l’appelait de cette façon. Dans l’ardeur de sa première jeunesse d’écrivain, le Comte Roselly de Lorgues, livré à d’autres travaux, dut entrevoir des yeux de l’âme, comme un point fixe au centre d’une époque du monde, la gloire de l’homme qu’il était appelé à glorifier. Cette vision devint peu à peu plus précise, grandit dans son cœur, monta dans sa pensée et l’envahit tout entier. L’ordre du Souverain Pontife fut le dernier trait de la Grâce pour l’achèvement de sa destinée. À ce moment, l’historien s’en alla où était son amour et il chercha des matériaux pour lui construire un tabernacle. Que la critique s’informe avec la dernière exactitude de la valeur précise de ces matériaux, si telle est sa fantaisie. Pour moi, je n’ai nul besoin de m’en mettre en peine. Il me sufit de savoir ceci : que le véritable Colomb est nécessairement celui-là et qu’on ne peut pas en imaginer un autre qui ne soit impossible, inconvenable et ridicule ; qu’il explique seul, dans