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VI

Laissant une bonne fois en arrière les misérables et ridicules détails de cette polémique sans dignité, j’arrive à la plus considérable de toutes les accusations portées contre l’œuvre du Comte Roselly de Lorgues. Ce grief littéraire ou historique, comme on voudra, n’est pas personnel au chanoïne, quoiqu’il l’ait assez impétueusement articulé. Il est commun à toute une école moderne et intéresse au plus haut point tout ce qui pense encore dans notre siècle. Cette école, soi-disant critique, reproche à l’auleur de Christophe Colomb d’avoir introduit « le sentiment dans l’histoire ». S’il faut en croire ces Messieurs, c’est la plus détestable et la plus fausse méthode historique qui soit au monde. Selon leur jugement, l’histoire est une analyse patiente, une dissection acharnée des hommes et des faits, absolument exclusive de toute synthèse et de toute vue d’ensemble, d’où le sentiment, c’est-à-dire l’âme humaine, doit être bannie, — comme des marbres de l’amphithéâtre, — avec la plus inexorable rigueur. Le Document seul, dans sa parfaite sécheresse, la lettre morte des faits, le renseignement infinitésimal, l’in-