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LE RÉVÉLATEUR DU GLOBE

toujours comme le défenseur d’une multitude de veuves et d’orphelins qui, d’ailleurs, n’ont nullement imploré ses services. N’importe. Sa grande finesse consiste à invoquer contre les saints le prétendu témoignage de tous les malheureux que leurs vertus ont scandalisés et qui se trouvent ainsi réduits à l’indigence de leur propre mérite désespéré. Cette façon de plaider, malheureusement dénuée de variété, a, néanmoins, une extrême valeur, sinon aux yeux de Dieu, du moins aux yeux de la plupart des hommes, pour qui la grandeur morale est un outrage direct et personnel et qui ne la pardonnent ordinairement qu’à la condition d’en être les inventeurs ou les titulaires.

Ici encore, l’abbé Sanguineti qui s’est constitué l’avocat du Diable, — ce qui est un moyen d’entrer dans la peau de ce grand plaideur, — discernera sans doute, non plus seulement de mystérieuses attenances, mais quelque chose comme l’identité même. Le Comte Roselly de Lorgues lui a déjà fait entrevoir cette grande manière d’être qu’il ne remarque pas assez en lui-même et qui pourrait le relever à ses propres yeux, s’il était jamais tenté de se mépriser. J’y reviens à mon tour en appuyant un peu plus, afin de lui en donner la vision complète. Si cette belle idée pouvait entrer une bonne fois dans les cervelles de ses compatriotes, on verrait enfin avec la dernière évidence combien le chanoine Sanguineti est « l’honneur du clergé de Gênes », et combien son Archevêque, le vénérable Mgr Magnasco, a raison de le patronner dans son diocèse et de lui confier la robe sans tache de son honneur de Pontife !