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LE RÉVÉLATEUR DU GLOBE

de lui pour obtenir qu’au moins on pût reproduire les nouveaux documents qui justiflaient Colomb. Ce fut en vain ; l’Archevêque resta inflexible et maintint la prohibition[1].

« Pendant qu’il interdisait au Pensiero Cattolico de démasquer l’imposture et de confondre le mensonge, Mgr Magnasco laissait tranquillement la Semaine religieuse[2] répéter la calomnie favorite du chanoine, contre les mœurs du Serviteur de Dieu.

« Ainsi, tandis que toute la chrétienté préconise la Sublimité de Colomb, seuls les Catholiques génois sont tenus au silence. En tout pays, il est permis de lui rendre hommage, excepté dans la ville qu’illustre à jamais sa naissance ! N’est-il pas affligeant que, pour ménager la vanité d’un chanoine, l’autorité métropolitaine entretienne l’erreur au cœur des populations de la Ligurie ? L’opposition de la coterie génoise a, d’ailleurs, été fort applaudie des Vieux Catholiques de Suisse et d’Outre-Rhin. Leur porte-voix principal, le Mercure de Souabe[3], vient joyeusement à l’appui du chanoine, et proteste contre la Béatification du Héros. Les Reinkeins, les Dollinger, les Herzog et autres relaps, paraissent, comme Mgr Magnasco, tenir en assez médiocre estime le premier apôtre de l’Amérique.

« L’ingratitude des Génois envers Christophe Colomb impressionne douloureusement notre âme. La Cité de marbre s’est montrée plus froide que ses murs pour Celui qui est son éternel honneur. Exploitant cette insouciance, les positivistes, les négateurs du surnaturel,

  1. Il Pensiero Cattolico, 20 dicembre 1876.
  2. La Settimana religiosa, 20 agosto 1816.
  3. Imprimé à Bonn ; premier numéro de décembre 1876.