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LE RÉVÉLATEUR DU GLOBE

Foi ; les uns diversement éprouvés par les outrages, la confiscation, les fers, l’exil : les autres ayant heureusement échappé aux bourreaux ; ceux-ci survivant péniblement aux tortures, ceux-là portant visibles les traces du martyre. Inutilement a-t-on mis sous ses yeux le Bref pontifical du 24 avril 1863, où le Saint-Père solennise la grandeur apostolique de Christophe Colomb ; le chanoine Sanguineli est d’un autre avis ; cela suffit à l’Archevêque de Gênes.

« On reste confondu d’un tel aveuglement ; car Mgr Magnasco, irréprochable dans ses mœurs, sa doctrine, assidu aux cérémonies, ponctuel dans ses exercices de piété, charitable malgré sa brusquerie, est plein de bonnes intentions.

« D’après l’infaillibilité attribuée au chanoine Sanguineti, on s’étonnera moins de ce que l’Archevôché ait accordé son visa au fameux libelle : la Canonisation de Christophe Colomb[1], brutale offense à la vérité historique, impudente défiguration des textes, s’aggravant de nouvelles calomnies et d’une étrange irrévérencé à l’égard du Pape Pie IX. »

(Je vais, dans quelques instants, offrir au lecteur quelques-unes des fleurs les plus suaves de cette guirlande sacerdotale déposée sur la tombe du saint Pontife.)

« Ce honteux pamphlet circula promptement en Italie par les soins des chanoines génois qui lui procurèrent des échos à peu près partout.

« Nous fûmes alors publiquement sommé de disculper notre héros de ces abominables accusations.

« Nous le fîmes avec éclat dans un volume intitulé :

  1. La Canonizzazione di Cristoforo Colombo. — Genova, 1875.