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LE RÉVÉLATEUR DU GLOBE

d’écrire la vie de ce grand Serviteur de Dieu, et cette vie est écrite. Les écailles de la légende protestante tombent alors de tous les yeux catholiques et le véritable Colomb est enfin connu. L’Épiscopat s’étonne d’avoir si complètement ignoré le Messager de l’Évangile et adresse de toutes parts, au Saint-Père, de respectueuses requêtes à l’effet d’obtenir l’Introduction de sa Cause devant la Sacrée Congrégation des Rites. Un immense mouvement de l’opinion porte aux pieds du successeur de saint Pierre l’amende honorable de l’univers stupéfait de sa propre ingratitude. L’éminent archevêque de Gênes, Mgr Andrea Charvaz, directement intéressé à cette grande réparation catholique, précise le caractère spécial de la Postulation, en sollicitant la voie exceptionnelle. J’ai déjà donné tout le détail de cette affaire dans l’Historique de la Cause.

Sur ces entrefaites, le plus imprévu de tous les obstacles surgit tout à coup. Un chanoine génois, inconnu des hommes, l’abbé Angelo Sanguineti, helléniste peu vérifié et numismate vaticinant, était, depuis quelques années, dans sa ville, en possession de la gloire d’historien de Christophe Colomb. Son petit livre, assez platement venimeux, espèce de castration bibliographique du volumineux ouvrage protestantde Washington Irving. donnait à ses candides concitoyens une telle idée de ce plagiaire, qu’on pouvait être tenté de supposer que la parole du Divin Maître sur les prophètes autochtones avait été, pour la première fois, démentie. Il paraît que le discernement littéraire de la Carthage ligurienne allait jusque-là.

L’apparition inattendue du livre chrétien du Comte Roselly de Lorgues vint troubler à jamais les loisirs