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iii
PRÉFACE

l’intuition latente au cœur mystique de Pie IX, le Comte Roselly de Lorgues fut solennellement désigné pour être, en style de chancellerie romaine, « le Postulateur de la Cause auprès de la Sacrée Congrégation des Rites ». C’était la gloire ! la gloire manquée, venant tard, mais enfin venue et non pas d’en bas d’où elle vient souvent, mais d’en haut, d’où elle devrait toujours descendre. Malgré tout, en effet, malgré la contagion de la Libre Pensée, ce terrible choléra moderne de la Libre Pensée qui les ronge et qui les diminue chaque jour, les chrétiens sont encore assez nombreux pour faire de la gloire, comme le monde la conçoit et la veut — et, de cela seul que l’Église mettait en question la sainteté de Christophe Colomb, il avait sa gloire, même aux yeux des ennemis de l’Église, qui, au fond, savent très bien, dans cequi peut leur rester d’âme, qu’il n’y a pas sur la terre de gloire comparable à celle-là !


Et du même coup, le Comte Roselly de Lorgues eut aussi la sienne. Il avait trop indissolublement attaché sa noble vie à la vie colossale de Christophe Colomb pour qu’il fût possible de l’en détacher. Désormais, qui pensera au héros, pensera forcément à l’historien qui l’a raconté. Le Comte Roselly de Lorgues a écrit son nom, à une telle profondeur dans le nom de Christophe Colomb, qu’on ne peut