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LE RÉVÉLATEUR DU GLOBE

ne furent pas médiocres. Lorsqu’en exécution d’une clause du traité de paix conclu à Bâle, le 22 juillet 1795, l’Espagne dut céder à la France le territoire qu’elle possédait dans l’île espagnole, le chef d’escadre, au moment d’abandonner Saint-Domingue, avait ressenti le patriotique désir de ne point laisser aux nouveaux possesseurs du sol, les cendres de Christophe Colomb.

On savait qu’elles devaient se trouver sous le sanctuaire, du côté de l’Évangile. En conséquence, on avait recueilli, pour la transporter pompeusement à l’île de Cuba, une poussière anonyme trouvée dans un caveau sans armoiries ni inscriptions d’aucune sorte. Puis, le temps, à son tour, ayant fait une nouvelle poussière de tous les contemporains et témoins de cette spoliation, le fameux orgueil Castillan s’était parfaitement contenté de cet à peu près de reliques du bienfaiteur de l’Espagne.

Au surplus, qu’en aurait-il fait ? L’Espagne s’est montrée si ingrate et si noire pour le grand homme qui lui donnait, au Nom de Jésus-Christ, la moitié de la planète, qu’il est bien permis de penser que le profond abaissement de ce peuple si héroïque et si dur a été le châtiment du crime effroyable de l’avoir fait mourir de douleur.

Et cependant, lorsque le bruit se répandit en Europe de la découverte certaine des restes de Colomb, le gouvernement espagnol, jaloux et humilié, mit en œuvre toutes ses ressources télégraphiques et diplomatiques pour le démentir partout sans examen. « Après avoir si longtemps fait le silence sur ce Héros, — dit le Comte Roselly de Lorgues dans une récente brochure, les Deux