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« Va devant toi ! et si la terre que tu cherches n’a pas été créée encore, Dieu fera jaillir pour toi des mondes du néant afin de justifier ton audace ! » C’est Schiller, le froid poète Schiller qui parle ainsi à Christophe Colomb, dans une poésie du mouvement lyrique le plus emportéet le plus grandiose. Si l’auteur de Guillaume Tell, qui croyait faiblement en Dieu et plus faiblement encore en ses saints, a pu entrevoir dans le crépuscule boréal de son imagination de poète dramatique, le caractère unique de Christophe Colomb et son rôle spécial de Mandataire divin, comment les catholiques pourraient-ils s’excuser de le méconnaître ou de le dédaigner ? L’apologiste chrétien qui a écrit son hisboire, tellement à fond et d’une manière tellement définitive que je ne sais vraiment pas ce qu’on y pourrait ajouter et que je me désespère à chercher quelque chose qu’il n’ait pas dit, afin d’être origiual, en le disant moi-même, à propos de son livre, — le Comte Roselly de Lorgues s’est donné la peine d’expliquer les raisons pour lesquelles, après si longtemps, Christophe Colomb n’est pas encore compris.