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LE RÉVÉLATEUR DU GLOBE

une catacombe. Les âmes profondes seront particulièrement frappées de l’identité du sentiment religieux entre l’Homme de la Découverte et le grand Pape de l’Immaculée Conception. Rien n’est plus touchant comme rien n’est plus révélateur de la sainteté des vues de Christophe Colomb que cette perpétuelle préoccupation de la gloire de Marie conçue sans péché. Il semble que cet Apôtre ait voulu préparer l’évangélisation des peuples nouveaux par le même procédé divin qui servit à préparer, pendant quatre mille ans, la Rédemption du genre humain. Christophe Colomb parsema la gloire de Marie sur la mer des Antilles, en imposant son Nom à la plus grande partie des îles qu’il découvrait, mais, c’est principalement sous le vocable de Marie Immaculée qu’il voulut offrir au ciel les glorieuses prémices de sa Mission. Le souvenir de la Mère du Sauveur précède toutes ses entreprises et l’accompagne dans tous ses travaux[1].

Pendant sa première navigation, chaque soir il fait chanter sur ses trois navires l’hymne de la Vierge. La merveilleuse tendresse de cette dévotion répand sur toute cette existence fracassée et gigantesque la suave douceur d’une poésie céleste. La Vierge sans tache le conduit presque visiblement de sa main lumineuse à travers tous les écueils de l’Océan et du Monde. Dans les nuits sereines de l’Atlantique, sous la bénigne clarté

  1. La première terre découverte fut appelés par Colomb : Saint-Sauveur, en témoignage de sa mission.

    Mais la seconde reçut le nom de Sainte-Marie-de-la-Conception. Touchante fidélité du Tertiaire fransciscain à la plus glorieuse de traditions de son ordre. On sait combien, dès l’origine, l’Ordre Séraphique appuya le dogme non encore défini de l’Immaculée Conception.