Page:Bloy - Le Révélateur du globe, 1884.djvu/165

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
137
LE SERVITEUR DE DIEU

les enfants d’Adam pourront accomplir ou comprendre au cours des siècles tiendra fort à l’aise dans ce vêtement prophétique trop ample pour l’humanité. C’est avec du feu que la mission de Christophe Colomb y est annoncée par l’écolier brûlant des Séraphins. C’est dans ce même chapitre Anal où le Seigneur, indigné de l’abomination de son temple, annonce sa venue et son jugement, qu’il demande tout à coup à la terre si, par hasard, elle pense qu’il soit « devenu stérile », et qu’il lui soit désormais interdit « d’enfanter, à Lui, le Seigneur Dieu, qui fait enfanter les autres » ? En réponse à cette interrogation prodigieuse, il parle une fois de plus, des « peuples de la mer et tles lointaines qui n’ont rien entendu de lui et qui n’ont pas vu sa gloire ». Il déclare enfin qu’il va faire « une nouvelle terre et de nouveaux cieux, que toutes les nations seront assemblées et que toute chair adorera sa face ».

Le chapitre Lx est plus étonnant encore. La vision se précise davantage, le prophète aperçoit les premiers navires qui sillonnent l’Océan. On le dirait témoin de la première expédition de Colomb. Il assimile aux blancs nuages volant dans l’azur, les blanches toiles de ses caravelles sur les flots ; et, par une transparente allusion à son nom, il compare ces voiles rapides à l’aile des colombes revenant vers leur nid : « Qui sunt isti qui ut nubes volant et quasi columbas ad fenestras suas ? » Sans transition, le voyant royal exprime cet événement de l’histoire future comme un acte de la Providence éternelle, un instant marqué tout exprès : « Car, ajoute l’Esprit, les îles m’attendent et, dès le commencement, il était prévu que les navires seraient en mer pour t’amener tes enfants de loin, apportant avec eux leur argent