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LE SERVITEUR DE DIEU

des orateurs chrétiens, non pas à cause des douleurs sans pareilles qu’il eût été forcé de raconter, mais à cause de la beauté divine d’une semblable destinée et d’une semblable vie en la présence d’un semblable mort.

Écoutez l’historien :

« Cet homme que l’Éternel semble avoir associé à l’achèvement de son œuvre, le chargeant de nous en dévoiler l’ampleur et les magnificences, d’où tira-t-il son autorité ? Comment ne pas être saisi de respect devant limmensité du mandat dontl’investit le ciel ? Qui dira la date précise de sa vocation ? Inaccessible à nos regards, se dérobant à nos recherches, elle remonte par son origine, au delà de l’ère historique et se rattache aux impénétrables décrets de la bonté divine.

« Depuis les temps d’Abraham, quelle destination fut plus auguste que la sienne ? Sa mission nous le montre en parenté spirituelle avec Moïse, conducteur du peuple de Dieu et Pierre conducteur des peuples du Christ. Après le bienheureux Jean-Baptiste, vous ne trouverez aucun Messager de l’Évangile comparable à son Précurseur dans le Nouveau Monde.

« Le Très-Haut l’avait choisi de toute éternité, le réservant dans ses desseins pour le jour où sa miséricorde appellerait aux bienfaitsdu christianisme l’immense Continent dont l’Ancien Monde ne soupçonnait pas l’existence. En lui permettant de nous découvrir la totalité de son œuvre, Dieu lui accorda le plus grand honneur qu’ait reçu un mortel. Christophe Colomb a été le Révélateur du Globe et le premier admirateur des merveilles du Verbe dont il proclamait l’empire sur ce sol inconnu. Il fut le vérificateur des annales de la Créa-