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LE SERVITEUR DE DIEU

plus sublime qui ait jamais été accompli, a été raconté un nombre infini de fois dans tous les pays et dans toutes Les langues parlées par les hommes. L’admiration s’y est épuisée. Par malheur, Christophe Colomb n’ayant pas été reconnu pour ce qu’il était réellement, uniquement et par-dessus tout, c’est-à-dire l’Ambassadeur de Dieu, comme il se nomme lui-même, et le premier apôtre du Nouveau Monde, l’intense splendeur morale de cet événement sans analogue dans l’histoire avait dû nécessairement échapper à une multitude d’esprits. Les historiens protestants et les savantasses philosophes qui en ont parlé ont soigneusement écarté de ce récit tout le divin qui l’encombhre et qui, à leurs yeux, en déshonore la moderne et humaine beauté.

Le premier de tous, l’historien catholique de Colomb, a raconté celie incroyable expédition telle qu’elle arriva et devait arriver, avec tout son accompagnement d’impossibilités humaines, et d’obstacles que les hommes n’avaient jamais surmontés. Apôtre de la Croix, à la manière de celui des Douze dont le nom plein de mystère signifie le Double Abyme, Christophe Colomb qui croyait aller au devant de saint Thomas, n’eut pas seulement à vaincre comme lui l’inimitié des hommes et l’inimitié de la Nature, il lui fallut encore triompher d’une influence cachée et bien autrement redoutable. Les dimensions très Lornées et la nature même de cette étude ne permettent aucun détail sur ce premier voyage ni sur les trois autres qui ont suivi et qui furent un enchaînement non inlerrompu de découvertes, de travaux apostoliques, de souffrances et de prodiges. Les âmes qui cherchent le grand et qui veulent s’édifler en lisant l’histoire, trouveront dans le livre du