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LE RÉVÉLATEUR DU GLOBE

me de ses traits, la couleur des yeux, le teint, la chevelure, diffèrent quelque peu au sujet de sa taille. Cependant des renseignementis précis devaient exclure le plus léger doute. Christophe était d’une taille élevée, cela est certain. On sait d’ailleurs que l’intrépide Barthélemy Colomb, doué d’une constitution athlétique, par conséquent d’une stature assez haute, était moins grand que son frère atné. Las Casas, qui les connaissait l’un et l’autre, le dit positivement[1]. »

Je voudrais, en m’aidant de ces données malheureusement incomplètes et du portrait attribué à Antonio del Rincon, évoquer cette auguste physionomie que l’Église catholique va peut-être proposer à la vénération de tous ses peuples. Je ne me dissimule pas que cela est fort difficile et quelque peu téméraire. C’est une étrange et profonde attestation de notre néant que l’extrême difficulté de reconstituer d’une manière certaine la figure mortelle d’un grand homme, lorsque quelques siècles seulement nous en séparent et si l’art le plus sublime n’a point accompli le miracle de nous la conserver. Cette difficulté devient même l’impossible absolu quand il faut remonter un peu haut dans l’histoire.

À une certaine profondeur, il est vrai de dire que les anciens nous sont plus proches que les modernes. Adam, de qui nous tenons tout ce qui est de l’homme, est infiniment plus notre père que celui par qui nous fûmes immédiatement engendrés et qui ne pouvait nous transmettre, en surcroît du patrimoine commun de l’humanité, que le triste contingent des particulari-

  1. Hist. de Chr. Col., par le Comte Roselly de Lorgues, t. I, ch. ii