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LE SERVITEUR DE DIEU

grande pensée de la chrétienté. En juillet 1485, le Père Gardien de ce couvent, frère Juan Perez de Marcheña vit arriver un voyageur accompagné d’un petit enfant, venus tous les deux à pied. Ce voyageur fort écarté de sa route, demandait un verre d’eau et un peu de pain pour son fils. Interrogé, il répondit très simplement qu’il venait d’Italie et qu’il allait à la Cour voir les Rois afin de leur communiquer un projet important. Le Père Gardien, vivement intéressé, engagea l’étranger à entrer dans le cloître pour s’y reposer un peu. Ce voyageur était Christophe Colomb. À dater de cetie rencontre, le patriarche des Missionnaires appartient de droit et de faità la famille franciscaine dont il poita le saint habit jusqu’à son dernier jour. Frère Juan Pérez n’était pas un homme ordinaire. La reine Isabelle dont il avait été quelque temps le confesseur, ne l’estimait pas seulement comme religieux d’une sainte vie, comme guide spirituel et grand théologien, elle le tenait pour habile astronomeet excellent cosmographe. Une sainte intimité s’établit entre ces deux hommes que l’histoire ne séparera plus[1].

Christophe Colomb reposa son corps et son âme dans cette maison de paix. Il y travailla à son perfectionnement intérieur. IL voulait par la prière, la pureté, devenir moins indigne d’accomplir l’œuvre immense

  1. Le monastère de la Rabida, presque entièrement ruiné, a été restauré, en 1855, par les ordres et aux frais personnels de Mgr le duc de Montpensier. Autant que possible la cellule du P. gardien Juan Perez de Marcheña a êté rétablie dans son premier état. On y voit le portrait de Christophe Colomb et quatre tableaux retraçant les scènes principales de sa vie. Il est infiniment honorable pour ce prince d’Orléans d’avoir payé, au nom de la France, la dette d’bonneur qu’oubliait d’acquitter l’Espagne.