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LE SERVITEUR DE DIEU

à mettre tout mon soin dans la contemplation du merveilleux aspect de son œuvre. »

La première fois qu’un document historique permet de saisir sa trace, il navigue sous le pavillon français. Il est déjà homme de mer et l’un des officiers du fameux Colombo, son grand-oncle qui commandait une flotte pour le compte du roi Réné contre le royaume de Naples en 1459. Vers cette époque, le roi René lui donnait un commandement personnel. Il guerroya quelque temps sur mer et c’est à l’issuc d’un combat terrible en plein Océan et son navire ayant pris feu, qu’il dut se jeter à la mer et franchir à la nage l’énorme distance qui le séparait de la côte du Portugal où il aborda miraculeusement vers 1470. Il achevait alors sa trente-troisième année. À ce moment, commence, à proprement parler, sa merveilleuse histoire.

Comme il serait ridicule de prétendre tracer ici une biographie détaillée et complète, nous allons presser les événements. Marié à Lisbonne peu de temps après son naufrage, à la fille d’un gentilhomme italien sans fortune, il dut interrompre ses voyages etse mit à faire des cartes et des manuscrits pour assurer le pain de chaque jour. Le Portugal était alors le pays des audacieuses expéditions de mer. Une immense curiosité portait aux découvertes lointaines un grand nombre de navigateurs. Madère et les tles du Cap-Vert avaient été rencontrées. D’année en année, les Portugais s’avançaient sur la côte occidentale de l’Afrique. Colomb, providentiellement porté, malgré lui, au centre des idées qui devaient agrandir ses vues, acquit des notions de plus en plus avancées sur l’Océan et les régions du Midi. Le pressentiment humainement inexplicable de