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LE RÉVÉLATEUR DU GLOBE

à venir, et ne peuvent en aucune sorte se rapporter au passé.

« Il est à remarquer, dit, en terminant, le Comte Roselly de Lorgues, que, depuis la Découverte, les statues de saint Christophe sont moins colossales et ses chapelles moins nombreuses qu’avant cette époque. On conserve celles qui existaient ; on en érige rarement de nouvelles sous son vocable. Maintenant, la gigantesque effigie a reçu son explication. Désormais, on peut rendre au martyr syrien la palme de son triomphe, la couronne de sa victoire. Il nous reste seulement à vénérer en lui le martyr de Jésus-Christ, et probablement l’auteur ou l’occasion de cette prophétie mystérieuse que Colomb, le Révélateur du Globe, fut chargé d’accomplir[1]. »

Si Christophe Colomb pouvait être grandi, combien cette prophétie écrite le long de dix siècles dans le bois ou dans la pierre ne le grandirait-elle pas ! Je dirai plus loin comment de pieux et savants interprètes ont distinetement aperçu l’Inventeur du Nouveau Monde à travers les énigmes et les figures du Saint Livre. Mais, dans une société qui ne sait plus ce que c’est que la Parole de Dieu, cette espèce de vaticination archéologique doit avoir une portée plus grande et pénétrer un plus grand nombre d’esprits. Pour moi, qui ne répugne pas au incrveilleux, je ne me sens pas infiniment éloigné d’accepter comme historique le récit naïf de la Légende dorée et de croire que la prophétie conjecturée par le sagace historien est simplement cet épisode de la vie du

  1. Histoire de la vie et des voyages de Christophe Colomb, par le Comte Roselly de Lorgues, liv. IV, ch. x. p. 454.