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LE RÉVÉLATEUR DU GLOBE

Le pénétrant historien du Grand Amiral, dans quelques pages très étonnantes d’aperçu nous donne le symbolisme du nom doublement prophétique de Christophe Colomb. Il paraît que le Révélateur de la Création était de sang très pur et que ses ancêtres avaient occupé un rang considérable dans la noblesse de la Lombardie et du Piémont. Ses arines étaient d’azur à trois colombes d’argent au chef le cimier, surmonté de l’emblème de la justice avec la devise : « Fides, spes, charitas. » Plus tard, ces trois colombes devinrent les trois navires aux blanches voiles qui portèrent l’Évangile au Nouveau Monde.

La célébre légende populaire de saint Christophe et sa mystérieuse relation avec la destinée de Colomh est plus saisissante et plus concluante encore. Le Comte Roselly de Lorgues démontre par toutes les données de l’hagiographie et de l’archéologie que « sans Christophe Colomb, il est impossible d’expliquer cette légende ». Je vais résumer en aussi peu de lignes que possible cette dissertation, l’une des plus curieuses assurément qu’on puisse lire en quelque livre que ce soit. Les judicieux aréopagiles de la critique moderne ne manqueront pas de la trouver très enfantine, mais les chrétiens en jugeront autrement ; et l’histoire de Colomb, je l’ai dit, n’est intelligible que pour eux

Oférus ou Réprobus, Syrien de naissance, disent les hagiographes, était un païen d’une taille gigantesque et d’un aspect terrible qui avait résolu de ne mettre sa force qu’au service du plus puissant roi de la terre. Après divers voyages et diverses déconvenues, le naïf géant finit par s’apercevoir que les plus fiers avaient peur du diable et que le diable, — qu’il eut un instant la