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LE SERVITEUR DE DIEU

philosophiques, et, cependant, il en est lamentablement ainsi. Pendant trois siècles, les portières de Caïphe ont écrit tout ce qu’elles ont voulu et, il faut bien le dire, les plus zélés serviteurs de Jésus-Christ n’ont pas toujours attendu le chant du coq pour trembler devant la canaille. Le mot célèbre de Joseph de Maistre n’est certes pas trop fort, on pourrait même y ajouter et ce n’est pas toujours aux ennemis de l’Église qu’on manquerait de respect. Christophe Colomb ne serait sans doute pas aussi sublime sion ne l’avait pas tant renié. Autour d’un front de martyr, il n’y a rien d’aussi beau que le nimbe d’une obscurité assez profonde pour que Dieu seul ait le pouvoir de la dissiper. Ce moment est enfin venu pour Christophe Colomb. Le Comte Roselly de Lorgues a fait pour lui ce que ce grand homme a fait pour la moitié de la terre. Il nous l’a découvert. N’eût-il fait que cela, c’est assez pour ne pas mourir. Protestants et libres penseurs peuvent désormais se mettre à cent mille et capitaliser leur venin, ils ne prévaudront plus contre la mémoire du Messager de l’Évangile, de la Colombe portant le Christ !