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LE SERVITEUR DE DIEU

xi et xii de la seconde épître aux Corinthiens offrent à cet égard les plus saisissantes analogies. Qui a souffert plus de travaux, plus de blessures, plus de prison, plus de dangers de mort, plus de flagellation, plus de lapidation, et plus de naufrages ? et cela quatre siècles encore après qu’il a cessé d’exister parmi les hommes. À l’exemple du prédicateur de la Folie sainte, Christophe Colomb a été souvent en voyage, en danger sur les rivières, en danger des voleurs, en danger de sa nation, en danger des Gentils, en danger dans les villes, en danger dans les déserts, en danger sur la mer, en danger parmi les faux frères ; dans les peines, dans les travaux, dans les veilles, dans la faim, dans la soif, dans les jeûnes, dans le froid, dans la nudité, et, pardessus toutes ces choses extérieures, il est encore asslégé tous les jours par les soucis de toutes les églises. Je sais bien que ce que je dis là va parattre insupportablement extravagant et que je m’expose à l’accusation d’exagérer.

Ah ! l’exagération, ce mot des lâches et des niais, que les hommes jetteront perpétuellement à la figure de quiconque aura l’audace de leur parler avec fermeté de quoi que ce soit ! Les gens de cœur doivent le connaître ce mot d’une si abjecte puissance de négation. Le nolumus hunc regnare ne s’adresse pas seulement à Notre-Seigneur Jésus-Christ, mais à tous les fronts couronnés d’épines et surtout à ceux-là qui saignent le plus. Et quel homme fut plus couronné d’épines, plus roulé dans le buisson ardent de l’apostolat que Christophe Colomb qui donna la moitié du Globe à la sainte Église et qui, trois cent cinquante ans après sa mort, n’avait pas encore trouvé la moitié d’un écrivain catholique pour