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II

« Celui qui ne croit pas au surnaturel, » dit le Comte Roselly de Lorgues, « ne peut comprendre Colomb ». C’est, sans aucune exception, ce qui doit être dit de tous les saints et cela est d’une exactitude si rigoureuse qu’il n’est pas même possible de concevoir un saint en dehors de la notion transcendante d’une Providence qui gouverne ce monde par des moyens naturels en vue de résultats perpétuell tsurnaturels. Le miracle historique qui n’étonna jamais que les imbéciles ou les hommes de peu de foi, pousse longtemps à l’avance ses racines dans une multitude de faits d’ordre naturel ; et il éclate à son heure comme une résultante divine de tous ces faits coopérateurs. Dieu qui est le mattre absolu de sa Création, dans ses opérations ad extra, agit à peine plus librement que l’homme, et les miracles par lesquels se manifeste quelquefois son imprescriptible suzeraineté, ne peuventjamais, catholiquement, être considérés comme une violence imposée à notre libre personnalité. Il est écrit que l’homme peut faire violence au ciel, mais il ne paratt pas que Dieu se soit réservé de faire violence au cœur de l’homme, même