Page:Bloy - Le Révélateur du globe, 1884.djvu/107

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
79
HISTORIQUE DE LA CAUSE

« Christophe Colomb est Exceptionnel à ce point, dit-il, que l’admission de sa Cause à la Sacrée Congrégation des Rites, au lieu de le grandir dans l’opinion, comme il arrive d’ordinaire, la rehausse elle-même. Elle s’illustre à son contact. Ne le dissimulons pas : quelque respectable que soit ce haut tribunal, ses jugements touchent peu les hommes du monde. Ils le laissent fonctionner à sa guise, sans se préoccuper de ses décisions. Mais cette fois, à l’indifférence fait place la déférence et l’étonnement. Combien n’apparaît-il pas imposant, cet Aréopage romain, qui cite à comparaître devant lui le plus grand des hommes, celui que l’Éternel choisit pour instrument de sa Providence !

« Ce serviteur de Dieu étant Exceptionnel, sa Cause peut-elle être d’une autre nature que sa personne ? »

Je crois n’avoir oublié rien d’essentiel dans ce rapide exposé de la Cause de Christophe Colomb. Je ne pousserai pas l’habileté jusqu’au point de dissimuler que j’ai écrit ces pages dans l’espérance de lui donner des admirateurs et des dévots. Dût-on n’arriver à obtenir qu’une déclaration de Vénérabilité, il faudrait encore poursuivre l’instance. Ce sont les propres paroles du Cardinal Donnet et c’était aussi le sentiment du savant archevêque de Gênes, Mgr Andrea Charvaz, prédécesseur immédiat du titulaire actuel. Ce prélat disait avec émotion au Postulateur : « Dès l’instant où Colomb sera déclaré Vénérable, très certainement quelques familles de nos marins commenceront à l’invoquer, et je ne doute pas qu’il ne se produise alors des miracles suffisants pour procéder régulièrement à sa canonisation. »

Après de telles autorités je demande qu’il me soit permis d’ajouter une dernière réflexion.