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son ambition ne pouvait se satisfaire à si peu de frais.

« Il lui fallait Paris et le Café de Mulhouse, où se réunissait alors, vers 1857, la rédaction du Figaro hebdomadaire, fœtus plein de santé du puissant journal qui règne aujourd’hui sur les cinq parties du monde.



« Il ne s’agissait pas précisément d’avoir du génie pour être admis à partager la fortune de ce perruquier.

« Il s’agissait, surtout, de faire rire Villemessant et le balourd y parvint.

« Dès ce jour, il fut jugé digne d’entrer dans le groupe des farceurs, par qui la France est devenue, intellectuellement, ce que vous savez, et il ne s’arrêta plus de monter, lentement, sans doute, à cause de la pesanteur de son gros esprit, mais avec l’infaillible sécurité du cloporte.

« L’héroïque Toudouze raconte, sans aucun agrément, cette plate Odyssée de journaliste, jugée par lui cent fois plus épique que l’Odyssée du vieil Ulysse.

« Il s’arrête çà et là, — comme un âne gratté, — pour exhaler d’idiotes réflexions admiratives, à propos d’Aurélien Scholl, de Jules Noriac, d’Alexandre Dumas, père et fils, ou de tout autre décrocheur de l’arrivage parisien.

« Au fond, toute cette histoire n’est rien de plus qu’un livre de caisse, où le comptable inscrit exactement les recettes et dépenses de son héros.

« On voit bien que c’est là l’essentiel pour le narré et le narrateur.

« Aussi, quelle exultation pour celui-ci, quand il