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niers frais, sans lui donner aucun moyen de continuer. L’imprimeur plein de défiance, et peut-être menacé, refusa obstinément tout crédit.

Le pamphlétaire vit ainsi la fortune se dérober en riant, au moment même où elle paraissait s’offrir et dut renoncer, définitivement, à toute espérance, avec l’aggravation de cette cuisante certitude que son triomphe aurait été assuré, s’il avait eu la pensée de débuter par ce grand coup.


L’HERMAPHRODITE PRUSSIEN
ALBERT WOLFF


« Mercredi dernier, je m’excusais de parler d’un subalterne chenapan du nom de Maubec, alléguant que nul, dans le monde des journaux, ne le surpassait en ignominie. Je l’appelais, pour cette raison : Roi de la presse.

« Quelques-uns ont trouvé cela excessif. On m’a reproché de m’être laissé emporter par mon sujet, d’avoir donné trop d’importance à ce drôle chétif, au préjudice d’Albert Wolff et de quelques autres, d’une bien plus aveuglante splendeur de salauderie morale !

« Je confesse que le reproche peut paraître fondé. Il est incontestable qu’à ce point de vue, le courriériste du Figaro, — pour ne parler, aujourd’hui, que de celui-là, — a plus de crédit et plus d’envergure.

« C’est sur le globe qu’il plane, ce condor d’abomination ! Il soutire si puissamment, à lui seul, l’universelle pourriture contemporaine, qu’il en devient